C'est beau,
c'est chaud,
c'est le récit
du Trail du Sancy ! http://www.xttr63.com/
2 mois et quelques couchés de soleil après les 86km du Mont-Blanc, me voilà reparti pour le Grand Trail du Sancy, accompagné de 2 de mes fidèles compagnons de club : Denis & Kian.
Le menu : 60km. 3350mD+.
Une broutille.
J-1 (samedi)
On arrive vers 15h, et direct on va se garer au pied du plus haut au sommet du Massif Central, le Puy de Sancy. 1885m. Bon, c'est pas les Alpes, mais çà vaut le trajet.
On décide de marcher un peu histoire de se dégourdir les jambes après 5h de route.
Le temps est estival, et comme on se refait pas, au lieu de regarder tranquillement d'en bas, on monte.
7Km, 500mD+ : Bon, 12 heures avant le départ, ce n'est pas très conseillé, mais bon on est comme çà !
On récupère notre chambre au gite : accueille très sympa.
On récupère les dossards : la tendance s'accentue.
2 bières, 1 repas et 1 bouteille de rouge + tard, la gentillesse des autochtones est confirmée, on peut aller se coucher.
JOUR J.
4h30 levé. 6H00 sur la ligne de départ.
Les objectifs : 7h pour Denis (top 20 si possible). 8h pour Kian. 9h pour moi.
C'est parti.
Çà part très très vite pour un Trail de cette longueur, je suis très surpris. Ils sont fous ou quoi ??? Je rattrape Kian qui souffle fort et partage mon avis. Du coup, à mon très grand étonnement, je fais les 20 premiers km avec Kian, parfois devant, parfois derrière, en suivant le rythme des concurrents qui nous entourent. Des côtes, parfois on marche, mais rien de terrible.
Km20 : On tourne à 10km/h de moyenne, on a fait 1/3 de la distance, c'est incroyable sur une course avec +de 3000m de D+.
On attaque alors la première véritable ascension : Puy Gros (1485m)
600m de d+ en 3km, çà calme un Xav.
Dans la descente, je me retrouve seul, cette première montée a sérieusement étiré le peloton.
En bas, j'ai déjà du mal à courir, même sur les faux-plats. j'arrive au ravito sans voir Kian qui doit être quelques minutes derrière moi...incroyable.
Au km30, on attaque la monté vers le Puy de l'Angle (1738m)
Les concurrent du 34km nous rejoignent car ils partagent notre fin de parcours, c'est pénible, on perd nos repaires. Il n'ont fait que 4km, alors forcément, ce n'est pas le même rythme.
Et quelques minutes plus tard, c'est THE défaillance. Je n'en peux plus ! Le soleil tape fort, je n'ai pas d'énergie, j'ai envie de vomir. Il reste au minimum 5h de courses, mais çà je l'évacue rapidement de ma tête. Bref, obligé de me mettre sur le côté. Quelques concurrents s'inquiètent de mon état et me demande s'ils doivent avertir les secours...çà va pas la tête ?!
Kian me rejoint, on échange un peu : il est cuit également, nous sommes vraiment partis trop vite.
Je tente de repartir avec lui, mais petit à petit il creuse l'écart.
Lorsque je crois être arrivé au sommet, çà monte encore, je sens les pulsations qui s'emballent, la tête qui résonne...pas glop.
Dans la descente, des crampes dans les mollets, mal au genou gauche et aux 2 tibias, et surtout je n'arrive pas à réccupérer.
Ravito en bas, au km 36. Lorsque j'arrive, Kian repart, je ne suis pas si loin de lui, mais par contre je suis cuit.
Je repars vers l'ascension suivante qui devrait être une formalité, mais quand on est cuit, on est cuit, y'a rien a faire !
Je continue donc mon chemin de croix, je fais régulièrement des pauses de 2min pour éviter de franchir la ligne rouge. Çà permet de profiter du paysage, franchement c'est très très beau.
Je ne sors plus ni mon petit roadbook, ni ma montre (je n'en met pas au poignet en trail), je ne sait pas quelle heure il est, peut importe, il faut juste continuer d'avancer.
Vient enfin la descente vers la Vallée de Chaudefour (km45). Elle est un peu technique, dans les bois, mais moins raide, ce qui me permet de suivre le rythme des compagnons de fortune qui m'entourent.
Puis la dernière longue montée (5km) vers le Puy de Sancy.
Çà commence dans les bois, c'est long mais pas trop raide, j'arrive à suivre.
Puis on débouche sur la partie dénudée de la montagne, dans la caillasse et sous le soleil de plomb.
Là tout les voyants se remettent dans le rouge : pulsations au max, bourdon dans la tête, crampes dans les cuisses. Le seul truc rassurant, c'est de voir que je ne perd pas trop de terrain finalement. Çà fait le yoyo avec quelques concurrents, mêmes ceux du 34km semblent au bout du rouleau.
Km52 : j'arrive enfin au sommet du Sancy, il reste donc 8km de descente.
…et dire que les descentes sont mon point fort en tant normal... mais là...
Les 3 premiers km sont dans la caillasse, j'ai très très mal aux tibias et je descend tout de même pas trop mal : mais là encore çà me demande de l'énergie.
Sur un replat de 200m, tout se remet dans le rouge, je vacille, c'est limite...obligé de me mettre un Nième fois sur le côté alors qu'il reste 5km de descente.
Des spectateurs me demandent ce qu'ils peuvent faire mais y a rien a faire... Les concurrents qui défilent m'encouragent à les suivre, mais je dois attendre un peu que çà passe.
5-10min + tard je repars, tantôt marchant, tantôt trottant.
Un panneau « 4 km » nous encourage pour finir, mais je me dis « Encore tout çà ?! ».
Puis 3km.
Puis 2km.
Puis 1km...là je met un point d'honneur à ne pas marcher ces derniers 1000m. Du coup je remonte quelques places et termine avec des larmes de souffrance dans les yeux.
Je m'assois rapidement dans un coin. 5min pour récupérer avant de regarder ma montre: 9h32. Je pense être dans la deuxième moitié du classement mais je suis 139ème/385 partants. Pas trop trop mal vue l'état dans lequel j'ai (sur)vécu ces dernières heures.
Je rejoins Kian : il a bien morflé également, il fini 106ème en 9h07.
Même punition pour Denis, qui fini 40ème en 8h05.
Après nos belles performances au Mont-Blanc, çà ramène sur terre.
On n'était pas préparé pour un Trail aussi dur, et on l'a payé cash. Cette course mérite une préparation digne d'un Ultra.
Histoire d'être sûr, on a repris une mousse pour savourer encore un peu la bonne ambiance de ce Trail, très convivial et très bien rôdé. L'année prochaine s'y dérouleront les championnat de France de Trail... mais une fois, moi çà me suffit;)
J+1 :
Les conséquences de cette aventure (pour les aficionados) :
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Périostite tibiale gauche
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Périostite tibiale droite
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inflammation tendon d'Achille gauche
-
inflammation TFL gauche
C'est surtout les périostite tibiales qui m'embêtent, j'avais traîné çà longtemps après chaque Saintélyon, mais çà se passe.
Au fait, vous connaissez pas ma prochaine aventure cet automne : un marathon à l'intérieure de la prison, et c'est pas une blague : j'accompagne 2 de « mes gars » pendant 42,195 km sur une boucle de 600m dans la cour de promenade. Au moins c'est plat...et comme dirait Francky... DÉLIRE !
XAV, traileur calmé pour quelques jours.